Elisabeth de Habsbourg dite Sissi

Elisabeth de Wittelsbach, Impératrice d'Autriche et Reine de Hongrie (1837-1898). Dès 1893, celle dont on se rappelle sous le nom de Sissi séjourna sur la Riviera avant d'être assassinée d'un coup de lime.

En février 1893, l'Impératrice d'Autriche et Reine de Hongrie Elisabeth pose le pied pour la première fois sur le sol montreusien. Sissi est alors âgée de 56 ans et souffre de tuberculose. Accablée par les tragédies que vit sa famille, orpheline de son cousin de Bavière, ébranlée par la mort de son fils bien-aimé à Mayerling, l'Impératrice déclare que la vie lui pèse de plus en plus.

A Territet, elle occupe des appartements dans l'ancien Hôtel des Alpes sous le nom de comtesse de Hohenembs, titre qui lui donne l'illusion de voyager incognito. Eprouvée par le destin, immuablement vêtue de noir, Elisabeth apprécie le lieu pour son calme et pour les nombreuses possibilités de promenades qui s'offrent à elle. Elle affectionne la montagne et, infatigable marcheuse, elle arpente chemins et sentiers. Qu'il vente ou qu'il pleuve, elle consacre toutes ses journées à se promener dans la région montreusienne.

En septembre 1895, elle est de retour à Territet et elle arpente vallons et crêtes des Rochers-de-Naye avant de repartir. En 1898, elle retrouve Territet au printemps et fait de longues promenades, préférant les hauteurs et les sentiers aux quais encombrés de curieux. Elle ne tient pas son éternel éventail noir qui lui masque le bas du visage et esquisse même un salut gracieux à la foule qui est venue lui marquer son attachement.

En août 1898, elle descend au Grand-Hôtel de Caux parce qu'en bas, au bord du lac, il fait chaud et la foule est trop dense. De nombreuses personnes séjournent à Montreux et beaucoup d'hôtes caressent l'espoir de croiser ou même de côtoyer les visiteurs célèbres, telle Sissi, véritable mythe. Sissi a la bougeotte, ses nombreuses promenades ne suffisent plus à calmer son anxiété.

Le 10 septembre, elle se trouve à Genève, où elle vient de rendre visite à la baronne de Rotschild. Sa suite a déjà pris le train pour rejoindre Caux et elle n'est accompagnée que de sa fidèle dame de compagnie, la comtesse Irma Sztáray. L'impératrice est nerveuse, le bateau va partir et les deux dames sont un peu en retard. Elles quittent rapidement l'hôtel et se hâtent vers le débarcadère où le grand vapeur «Genève» siffle et donne le signal du départ. Sur le quai du Mont Blanc, Sissi est agressée par un homme qui la frappe. Surprise, elle trébuche et tombe. Son imposante chevelure amortit le choc et, soutenue par sa dame de compagnie, elle s'embarque sur le bateau.

Ce n'est qu'à ce moment qu'elle perd connaissance, que l'on découvre sa blessure en même temps que son identité. Le bateau revient au débarcadère et on débarque Sissi. Deux heures plus tard l'Impératrice d'Autriche et Reine de Hongrie expire dans une chambre de l'Hôtel Beau-Rivage.

A Territet et à Caux, elle laisse le souvenir d'une femme douce, simple, malheureuse, bonne et généreuse. Luigi Luccheni, son assassin, dira que son seul but était de se faire un nom en accomplissant une action éclatante et il affirmera n'avoir jamais été anarchiste, contrairement à ce qui s'est raconté. Il sera condamné à la réclusion à perpétuité et se pendra dans sa cellule le 19 octobre 1910.

(adapté d'un texte d'Evelyne Lüthi-Graf, archiviste de Montreux, rédigé pour le site officiel de la ville)